Exposition au Musée de Grenoble jusqu’au   27  janvier 2019

chaouabtis, servir les dieux, musée de Grenoble
Les chaouabtis étaient des serviteurs chargés de travailler les champs à la place du mort

C’est en pensant à 2022, date du  Bicentenaire de la découverte du déchiffrement des hiéroglyphes par Champollion que le conservateur du Musée de Grenoble, Guy Torsato en collaboration avec le musée du Louvre a eu l’idée de cette exposition.  Le fonds grenoblois est riche, mais situé au sous-sol,  il n’attirait guère les visiteurs jusqu’à présent. Beaucoup de pièces restaient également dans les réserves. Il est constitué pourtant des  donations de la famille Champollion[1] et  d’un collectionneur grenoblois, le Comte de Saint-Ferriol. S’y ajoute pour l'occasion 200 pièces sorties des vitrines du Louvre ainsi que d’autres musées européens. Une exposition très riche et exceptionnelle. De plus, l’exposition a été sous la direction scientifique d’une ancienne grenobloise, Florence Gombert-Meurice, conservatrice des antiquités égyptiennes du Musée du Louvre.

fond de cercueil de la chanteuse d'Amon, TANAKHTENTAHAT

Pour présenter au mieux ces pièces de valeur, une scénographe a imaginé un parcours spécifique et quatre salles (en tout plus de 1000m2), réquisitionnant même l’espace central de repos et de passage vers le bassin. Pour l’occasion, des restaurateurs sont venus pour redonner de l’éclat à certaines pièces peintes, comme les dessus des sarcophages et des cercueils. Des vitrines ont été fabriquées sur mesure, les murs de la salle ont été peints de couleurs spéciales pour faire ressortir les objets tout en respectant leur fragilité. De nombreux techniciens y ont donc travaillé. Voir le reportage de FR3 :

https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/isere/grenoble/redecouvrir-collection-egyptienne-du-musee-grenoble-occasion-exposition-servir-dieux-egypte-1561354.html

On suit un parcours géographique et historique à travers quatre salles, suivant les différents lieux sacré sur les rives du Nil, de Memphis à Thèbes en passant par les temples de Karnak et Louxor.

antiquités Egypte, musée de grenoble, servir les dieux
Statue de Sekmet , déesse à tête de lion, liée à Mout, ldéesse épouse d'Amon

La dernière partie propose de montrer l’importance des femmes prêtresses d’Amon dans cette société, accompagnées des chanteuses. Les recherches des archéologues modernes ont permis de mettre en lumière cette approche féminine des adorateurs d’Amon.

AMON- était au départ le dieu local à Thèbes, puis il est devenu peu à peu le dieu universel, considéré comme le roi des Dieux. A partir de la XIX-XXe dynastie, il est considéré comme le créateur invisible du monde à la source de toute vie dans l’univers  (ciel, terre et au-delà). Il se manifeste sous la forme  de Rê. On le nomme alors Amon-Rê .Son épouse est Mout, la grande déesse mère (on retrouve ces archétypes du Dieu Père-Mère dans beaucoup de  civilisations). Les prêtresses  étaient choisies parmi les filles de roi. Elles jouaient le rôle de Mout, assurant le maintien de l’ordre dans le monde et la fertilité du Nil. Elles étaient accompagnées d’une cour de chanteuses, prêtresses célibataires, chargées des rituels du culte d’Amon-Rê.

statue dieu Hamon servir les dieux, Louvre, musée de grenoble
Statue du dieu Hamon dédiée par Horudja (prêt Musée du Louvre)

Amon est figuré parfois avec une tête de bélier ou un visage humain orné d’une tiare de plumes surmonté parfois d’un disque solaire. Il a la peau bleue comme le lapis-lazzuli. Son nom signifie « caché »

Le pouvoir du clergé, prêtres et prêtresses devient de première importance face au pouvoir du pharaon, peu stable entre 1069 et 600 avant J.C. Ils occupent des fonctions non seulement religieuses mais aussi politiques, administratives et économiques.

Statue cube du secrétaire du Roi et prophète

On plonge donc dans "L'Epoque intermédiaire", au milieu des dieux et déesses, des  religieux adorant Amon-Rê.

Les  objets récupérés par les archéologues dans les sépultures de ces différents lieux sacrés autour du Nil, nous rappellent les modes de vie en société, les croyances et les arts funéraires des anciens égyptiens où ont plongé également les cultures coptes, grecques, latines et toutes celles de la Méditerranée.

La beauté et l'état des pièces proposées est étonnante compte tenue qu'elles ont entre 2500 et 3000 ans !

A voir avant le 27 janvier.

Francoise Daudeville 09 novembre 2018

crédit photos Francoise Daudeville


[1] Jean –François Champollion (1790 – 1832) né à Figeac il rejoint son frère à Grenoble en 1801 qui s’occupera de son éducation. Puis, il vit à Paris pour suivre des études supérieures en histoire et langues orientales. passionné par l’Egypte ancienne, il s’évertue à traduire les hiéroglyphes trouvés sur les papyrus et la Pierre de Rosette. Il ne  réussira à comprendre le code de ce langage qu’en 1822 et créera la science de l’Egyptologie.

 

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