l'association SOLEXINE, en manque de carburant mais pas d’énergie !
08 févr. 2019
Un lieu de pratiques artistiques et de convivialité, ouvert à tous sans discriminations, depuis plus de vingt ans.
Depuis sa création en 1996, l'association a fait ses preuves à Grenoble. Mais, depuis plusieurs années les financements se sont rétrécis, alors que la demande est toujours présente.
Dans ce lieu (anciens locaux Cémoi), sont proposés des ateliers d'arts plastiques, d'écriture, de clown, de chant, animés par des professionnels reconnus du monde artistique, qui s'adressent à tous les publics pour des tarifs très modiques, chose rare de nos jours.
Mais ce qui fait son originalité c'est certainement , la convivialité.


Chacun est accueilli tel qu'il est, quelque soient ses revenus, ses problématiques, son état de santé, son statut social. Certains sont au chômage, retraités, en maladie mais on y trouve aussi des gens en situation d’emploi, avec une vie « normée ». La plupart de la centaine de membres adhérents à l'association s'y sentent chez eux. Certains disent y trouver "comme une famille". Ils viennent y rencontrer d'autres personnes, bavarder, boire un café ou partager un repas. Notre société a besoin de lieux conviviaux comme celui-ci pour lutter contre la solitude et l'exclusion et offrir la Culture pour tous.
Pierre, l'unique salarié de l'association, est toujours là pour dire un mot gentil, plaisanter ou écouter ...Il fait aussi avancer les projets en cours.
Des subventions en baisse ou supprimées :
Depuis la baisse des dotations de l'Etat, les associations culturelles qui s'adressent à de publics aux faibles revenus, se retrouvent dans des situations dramatiques. Sans les subventions de la Mairie, de la Métro et d'autres donateurs, les associations comme SOLEXINE ne peuvent plus vivre. Le Mécenat et les dons ne peuvent se substituer durablement aux financements publiques.
La Culture n'est pas un produit "rentable" et accueillir des publics fragilisés ne peut pas être vu comme une activité de "start-up". Depuis deux ans, Solexine a déjà dû sacrifier l'une de ses salariés, licenciée en 2017 pour raisons économiques. Il reste aujourd'hui Pierre Roy pour continuer à conduire le navire avec l'aide des adhérents qui s'investissent pour faire vivre ce lieu et ses projets. Tous les mois, chacun peut assister au Conseil de Maison et être tenu au courant de tout ce qui s'y passe.
Il manque à ce jour 30 000 € pour boucler le budget annuel. Si la Mairie de Grenoble continue de soutenir les projets de l'association, d'autres comme les Conseil Général ou la Région ont supprimé leurs subventions.
Les locaux sont prêtés gracieusement par la Métro, pour un montant valorisé à hauteur de 9 000 €. L'aventure Solexine va-t-elle s'arrêter ?
Des projets qui continuent :

- un livre est en cours d’édition, en collaboration avec la Maison de la Poésie, à partir des textes produits en ateliers d’écriture et des œuvres graphiques sorties des ateliers d’arts plastiques. Il doit être présenté au prochain Printemps du Livre de Grenoble.
- en ce moment une exposition a lieu au restaurant l’Auguste à Grenoble, des œuvres de "Light painting" qui ont été créées au cours de la résidence d’un artiste. cliquer pour voir le film light painting
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- Après la visite guidée de l’exposition sur l’Egypte au Musée de Grenoble fin 2018, le partenariat avec le Musée se poursuit avec une exposition « Hors les Murs » qui aura lieu du 14 mai au 6 juin prochains dans les locaux de l’association. Une dizaine d’ œuvres d’artistes du musée de Grenoble (Louise Bourgeois, Mario Mertz, Cremonini, …) seront exposées et le public grenoblois pourra venir les voir en bénéficiant de visites guidées et d’interventions prévues autour de l’événement. Tous les bénévoles de l’association seront sur le pont pour faire bon accueil aux visiteurs avec la bienveillance qui caractérise le lieu et les personnes.
A noter que Solexine a toujours voulu offrir la qualité à son public : les intervenants sont des professeurs des Beaux-Arts, des écrivains et des artistes reconnus, et rémunérés normalement pour leurs activités.
Au moment où les précaires, les exclus, les oubliés de la société clament haut et fort au coin des rues leurs revendications et le besoin de changement, peut-on laisser tomber les associations qui mettent en pratique la culture pour tous ?
- Quand nous parlons des « associations » nous n’entendons pas celles qui sont d’énormes institutions subventionnées par l’état à coup de millions d’euros, mais de petites associations qui mènent un travail de fourmi depuis des années pour le bien de tous, avec peu de moyens et beaucoup d’énergie. Mais est-il normal aujourd'hui de leur demander de faire la même chose avec moins d’argent ?
représentation atelier Clown
Question : Si Solexine disparaît qui fera ce travail de diffusion de la Culture et d’accueil des publics les plus fragiles ? Au nom des économies à faire, on peut constater qu’elles sont le plus souvent faites sur le dos des plus faibles et au détriment de la Culture, les artistes et les écrivains peuvent aussi en témoigner…
Françoise Daudeville
février 2019