une Journée témoignage à propos des migrants

A Poligny, dans le Jura j'ai assisté à une journée-témoignage sur les migrants organisée par les CMR : autour de la table divers témoins qui sont venus de Franche Comté et du Nord. Ils ont raconté leur histoire. Parmi eux, Sarti dont les parents ont dû quitter le Cambodge et rompre avec leurs famille, leurs racines et reconstruire une nouvelle vie, Michka , polonaise d'origine qui a raconté ses difficultés lorsqu'elle est venue dans le Jura, et André qui est à Dole, au service des réfugiés depuis 30 ans.

Je relate ici le témoignage de Nan qui venait du département du Nord près de Calais où elle a été confrontée aux migrants réfugiés près de chez elle dans ce qu'on appelle "la jungle"...

Nan est flamande, de la région d’Hazebrouck. Elle vit à Norrent-Fonte à 70km de Calais.

Ce camp de migrants existe depuis une dizaine d’années. Elle a participé à la création de « terres d’errance », collectif puis association.

« La conséquence de lindignation doit être lengagement » nous dit Stéphane Hessel et Nan s’est sentie indignée lorsqu’elle a vu comment vivaient les migrants aux portes de nos villes. N’ayant que de simples morceaux de plastique et quelques palettes, ils se retrouvent dans la boue, terrés comme des animaux à essayer de survivre près des autoroutes, en espérant pouvoir se glisser dans un camion qui les emmènera en Angleterre. Elle a donc décidé de les aider avec ses moyens au début, puis relayée par d’autres voisins et amis, tous aussi indignés, les secours se sont alors organisés.

Six services ont vu le jour : service douche, service vestiaire, service laverie, service infirmerie, service alimentaire et service camp. Puis certains ont proposé des cours de FLE (français langue étrangère) pour ceux qui souhaitent rester en France.Ce sont des Erythréens, des Ethiopiens, Soudanais, entre autres.

Les « migrants, dit Nan, ça n’existe pas, ce sont des histoires personnelles qui les amènent là.

Quelques explications :

Aujourd’hui, l’association est poursuivie pour avoir aidé des migrants, ce qui est illégal en France.

Les exilés souhaitent aller en Angleterre parce que les papiers sont plus faciles à obtenir, il n’y a que trois mois d’attente pour obtenir le statut de réfugié, alors qu’en France ça peut durer un an au moins. Là-bas, ils sont pris en charge et pas en France. De plus, ils parlent souvent anglais dans leur pays et peuvent avoir des liens, de la famille en Angleterre. De plus, l’équivalence des diplômes s’obtient plus facilement. Donc, après 6 mois de formation, ils peuvent retrouver un travail et le même niveau de vie, ce qui n’est pas le cas en France.

Nan et le collectif de bénévoles ont compris au bout d’un moment qu’on pouvait aider ces migrants toute notre vie sans changer le problème. Il fallait donc faire avancer la question de l’accueil des migrants au niveau politique, pour que les choses changent.

Les descentes de CRS continuent et les morts ne cessent d’augmenter. Comment peut-on s’habituer à ça ?

« L’hospitalité est une question de dignité et en France il existe des droits, comme celui au logement pour tous, pourquoi ne sont-ils pas appliqués pour eux ? »

et elle termine en disant « La boue qui est sur eux nous salit »

Après les témoignages, il y a eu les discussions par petits groupes

  • Réponse de Nan aux questions et quelques conseils :
  • Selon l'association, il n’y a que 3% de la population mondiale qui bouge, les autres restent chez eux tant qu’ils le peuvent. 80% des réfugiés sont accueillis dans les pays du Sud (donc 20% seulement dans le Nord). En général, ils vont dans le pays d’à côté et attendent que ça aille mieux pour regagner leur pays.
  • Le haut-commissariat aux réfugiés (HCR) a retiré 50 % des subsides à la Turquie et autres pays d’accueil. Les réfugiés sont donc chassés des camps parce qu’ils n’ont plus à manger et vont de plus en plus loin. Si on leur interdit de travailler durant un an, et qu’on les laisse sans droits c’est invivable.
  • Il faut donc tenter de faire changer cette loi, car les procédures sont trop longues en France, alors qu’en Angleterre ou en Allemagne, ça ne dure que trois mois. Demander leurs droits fondamentaux : droit au logement, à l’école pour les enfants, les soins médicaux, …
  • Comme les Foyers sont débordés et n’ont pas de place, on les loge dans des hôtels mais ils ne peuvent pas faire la cuisine, c’est interdit et ils sont une famille dans une petite chambre. De plus les hôtels coûtent cher.
  • Que faire à notre niveau ? Quelles actions ?
  • Il faut se renseigner, s’informer pour mieux comprendre leurs problèmes et leur situation.
  • Si l’on reste dans l’ignorance, on reste au niveau des idées reçues. Chacun doit faire progresser sa propre opinion, ne pas laisser non plus ces situations rester invisibles, montrer que la population française s’en soucie.
  • Il faut changer notre regard (lire le dernier feuille de route d'ATD quart Monde : « les préjugés sur les réfugiés ».
  • On peut adhérer à une association pour l’aider. A « terres d’errance » il y a maintenant 500 adhérents (et non 10 personnes comme au début), cela crée une force de pression, de reconnaissance auprès des pouvoirs publics.
  • On peut aussi s’engager, en demandant à son maire, à son député, aux pouvoirs publics de son lieu d’habitation. Ce n’est pas un seul enjeu local comme Calais, c’est un problème national et même international et humain tout simplement…

Pour plus d'informations : liens association terres d'errance https://terreerrance.wordpress.com/

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