La lumière blanche apparaît sur le clou fiché dans le sol (photo F Daudeville)

La lumière blanche apparaît sur le clou fiché dans le sol (photo F Daudeville)

l'occulus où passe la lumière à la chandeleur
l'occulus où passe la lumière à la chandeleur

D’après les écrits anciens, et plus récemment ceux de Gisèle Bricault et des amis des Antonins, les moines et savants de St Antoine l’Abbaye (petit village médiéval d'Isère près de St Marcellin, l'un des plus beaux villages de France)avaient placé des repères temporels dans l’église abbatiale afin de marquer des moments précis de l’année, en rapport avec les fêtes religieuses et les travaux des champs.

C’est ainsi qu’aux alentours du 2 février vers midi (et du 11 novembre également), le soleil vient éclairer un gros clou fiché dans le sol de la chapelle dite de St Jean Baptiste où sont peintes les fresques du XVe siècle représentant Avignon et Constantinople, symbole du lien entre l’Occident et l’Orient, sous un ciel bleu étoilé. C’est aussi à Constantinople que reposaient les reliques de St Antoine l’Égyptien avant de rejoindre le Dauphiné.

Le même phénomène est observé avec l’ombre de la colombe du reliquaire de St Antoine qui vient se poser sur un triangle martelé au sol aux alentours du 8 mai et du 6 août qui correspondent à des fêtes du calendrier chrétien et à des travaux agricoles.

Dans le sol de la chapelle, est fiché un gros clou d’environ 7 cm sur lequel vient se poser la lumière qui passe vers 13h, heure d’hiver, par l'occulus de forme ronde, où l’un des carreaux était en forme de losange mais a été restauré et ne laisse plus apparaître qu’une forme imprécise mais éclairée d’une lumière très blanche.

D’après les calculs de scientifiques, ce phénomène peut apparaître le 30 janvier comme nous l’avons constaté nous-mêmes cette année, mais la tradition le fait intervenir le 2 février, fête de la Chandeleur, c’est-à-dire des chandelles et de la lumière qui revient après les longues nuits de l’hiver.

Les traditions se perdent dans la nuit des temps et se superposent, comme les chapelles et les églises édifiées sur des lieux de cultes anciens, il y a sûrement une référence à une fête celte qui symbolisait la promesse de la fin de l’hiver et le retour de la lumière, on parcourait les champs avec des flambeaux demandant la purification et la fertilité. Les romains faisaient de même avec les lupercales qui fêtaient le dieu Pan.

Puis, ce fut une fête chrétienne, en référence à la présentation du Christ au temple de Jérusalem. Marie comme toutes les mères juives devaient suivre la loi transmise par Moïse et présenter son garçon premier-né au temple afin de le « racheter », en offrant des sacrifices (agneau, colombes). On a appelle aussi cette fête « la purification de Marie ».

Cette apparition de la lumière signale donc la promesse de la fin de l’hiver et comme dit le proverbe « À la fin de la chandeleur, l’hiver s’apaise ou reprend vigueur ». Au Moyen-Âge, on célébrait la Chandeleur en bénissant les chandelles et en procédant à des processions célébrant la fertilité et la fin de l’obscurité inquiétante de l’hiver.

Les crêpes rondes et dorées qui sont restées liées à cette fête, sans doute en référence à la forme du soleil que l’on souhaitait voir revenir.

F Daudeville

article. paru dans le Mémorial de l'Isère 5/02/2016

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